OPA, OPE, fusions, rumeurs… La synthèse de la semaine. Nouveaux développements dans la bataille Suez/Veolia avec l’intervention de l’AMF, OPA en perspective sur Tunnel Prado Carénage, dépôt de trois offres selon la procédure simplifiée (Media 6, Société Française de Casinos, PSB Industries), sans oublier celle de MasMovil sur Euskaltel : le début du mois d’avril a été particulièrement riche. Voici ce qu’il faut en retenir.
Les nouveautés
Sur Euronext Paris
- Le feuilleton Suez/Veolia
La réponse de Suez porte atteinte aux règles applicables aux offres publiques, selon l’AMF. L’Autorité des marchés financiers a été saisie par Veolia d’un projet d’offre publique visant les actions Suez, libellé à 18 € par action, pour lequel Suez doit déposer auprès de l’Autorité un projet de note en réponse, afin que cette dernière puisse statuer sur le projet déposé. La recherche d’une solution négociée entre les parties est tout à fait légitime, mais elle doit respecter les principes de transparence et d’intégrité du marché, de loyauté dans les transactions et la compétition, ainsi que du libre jeu des offres et de leurs surenchères, explique-t-elle. L’AMF considère que les modifications que Suez a apportées au dispositif de la fondation de droit néerlandais, combinées au soutien à la proposition du consortium Ardian-GIP négociée par le conseil d’administration, portent atteinte à ces règles et principes directeurs que l’AMF a pour mission de faire respecter. Pour en savoir plus
Suez dénonce la position de l’AMF favorable à Veolia. Par un communiqué du 2 avril, l’Autorité des marchés financiers exprime une prise de position incompréhensible et favorisant une nouvelle fois Veolia, explique Suez dans un communiqué. « Cette prise de position intervient au terme d’un processus décisionnel inacceptable car ne respectant pas les droits les plus élémentaires de Suez et de ses parties prenantes. Elle repose sur une analyse gravement erronée de la situation et s’inscrit de surcroît en totale contradiction avec la Loi Florange qui autorise la mise en œuvre de mesures de défense conformes à l’intérêt social contre une offre publique hostile. Suez respecte strictement les dispositions légales en vigueur. Suez fera naturellement valoir tous ses droits ».
- Les offres publiques « dans les tuyaux »
Tunnel Prado Carénage (SMTPC) : OPA simplifiée en perspective au prix de 23 € par action. Vinci Concessions et Eiffage, qui détiennent respectivement 33,3% et 32,9% du capital de la Société Marseillaise du Tunnel Prado Carénage (SMTPC), sont entrés en négociations en vue de la conclusion d’un accord constitutif d’une action de concert entre elles vis-à-vis de la société et prévoyant notamment l’acquisition par ledit concert du solde du capital. Si l’accord se réalise, les deux groupes déposeront un projet d’OPA simplifiée, suivie le cas échéant d’un retrait obligatoire si les conditions de mise en œuvre sont réunies. Le projet d’offre publique conjointe serait libellé au prix de 23 € par action SMTPC (dividende attaché de 1,90 €). Ce prix représente une prime de 30,3% par rapport au dernier cours coté, ce qui valorise la société 134 millions d’euros.
- Les nouvelles offres publiques
Media 6 : projet d’OPA simplifiée au prix de 10,53 € par action. Vasco (société contrôlée par M. Bernard Vasseur, fondateur de Media 6) a déposé auprès de l’AMF, par l’entremise de la Banque Neuflize OBC, un projet d’offre publique visant les actions de ce spécialiste du marketing sur le point de vente. Vasco, qui détient de concert avec les membres de la famille Vasseur, 84,71% du capital, s’engage à acquérir les actions non détenues au prix unitaire de 10,53 €. Ce prix représente une prime de 27,6% par rapport au dernier cours avant l’annonce et valorise Media 6 à 30,3 millions d’euros. Si les conditions requises sont remplies, Vasco a l’intention de demander la mise en œuvre d’un retrait obligatoire. Sous réserve du feu vert de l’AMF, l’offre devrait se dérouler du 11 au 24 juin 2021.
Société Française de Casinos (SFC) : l’OPA simplifiée est officiellement déposée. Comme annoncé le 23 juillet 2020, Casigrangi a déposé par l’entremise d’Oddo BHF un projet d’offre publique visant les actions de ce groupe qui exploite quatre casinos à Châtel-Guyon, Collioure, Gruissan et Port-la-Nouvelle. Casigrangi, qui contrôle désormais 75,07% du capital, s’engage à acquérir les actions non détenues au prix unitaire de 1,70 €. Ce prix fait apparaître une prime de 36% sur le cours du 22 juillet 2020, dernière séance avant l’annonce de l’opération. Si les conditions requises sont remplies, Casigrangi a l’intention de mettre en œuvre un retrait obligatoire. Sous réserve du feu vert de l’Autorité de régulation, l’offre devrait se dérouler du 29 avril au 12 mai 2021.
PSB Industries : l’offre a été aussi officiellement déposée. La société Alpha 20, détenue par Provendis, Union Chimique et Gustar Finance, a déposé, par l’entremise de Banque Degroof Petercam France, un projet d’OPA simplifiée visant les actions de ce spécialiste de l’emballage en cosmétique-parfumerie. Alpha 20, qui détient de concert avec d’autres actionnaires 78,38% du capital, s’engage à acquérir les actions non détenues au prix unitaire de 30 €. Ce prix fait ressortir une prime de 61,3% sur le cours du 25 mars 2021. Si les conditions requises sont remplies, l’initiateur a l’intention de demander la mise en œuvre d’un retrait obligatoire. Sous réserve du feu vert de l’AMF, l’offre devrait se dérouler du 13 au 26 mai 2021.
Sur les marchés étrangers
MasMovil Ibercom lance une OPA amicale sur Euskaltel. MasMovil, détenu par un consortium de fonds d’investissement incluant KKR, Cinven et Providence, a décidé de lancer une offre pour acquérir l’opérateur télécom espagnol pour un montant de 2 milliards d’euros. MasMovil propose 11,17 € par action, ce qui représente une prime de 16,5% par rapport au cours de clôture du 26 mars. Euskaltel apportera « le soutien raisonnablement nécessaire » à MasMovil pour mener à bien le rachat et préparer les documents indispensables pour l’obtention des autorisations réglementaires. MasMovil, de son côté, a indiqué avoir obtenu l’accord de ses actionnaires Zegona, Kutxabank et Alba Europe, qui détiennent ensemble 52,32% du capital d’Euskaltel.
Les opérations en cours
EOS Imaging : l’OPA est ouverte jusqu’au 7 mai 2021. Alphatec Holdings (ATEC), qui détient 9,99% du capital de ce pionnier de l’imagerie médicale orthopédique 2D/3D, s’engage à acquérir chaque action EOS Imaging au prix unitaire de 2,45 €. Ce prix reflète une prime de 40,8% sur le cours de l’action, le 16 décembre 2020, et de 55,1% sur la moyenne des cours des deux derniers mois avant cette date. L’OPA vise également les Oceanes en circulation pour un prix unitaire de 7,01 € (coupon attaché dû le 31 mai 2021) ou 6,81 € (coupon détaché). Si les conditions requises sont remplies, ATEC a l’intention de mettre en œuvre un retrait obligatoire.
Credito Valtellinese (Creval) rejette l’offre du Crédit Agricole. Après avoir examiné l’offre de Crédit Agricole Italia, filiale à 75,6% de Crédit Agricole, au prix de 10,50 € par action, le conseil d’administration de Creval a estimé que cette proposition n’était pas équitable d’un point de vue financier. Pour rappel, avec cette acquisition, Crédit Agricole Italia vise à consolider son positionnement concurrentiel en tant que 6e banque de proximité sur le marché italien en termes de collecte et devenir la 7e banque italienne par le total des actifs et le nombre de clients, avec une part de marché combinée portée à environ 5% au niveau national (sur la base du nombre d’agences). Le marché s’attend à un relèvement de prix, si l’on en juge par le cours de l’action qui dépasse 12 €.
Les résultats
Sofibus Patrimoine : le retrait obligatoire est en marche. À l’issue de son OPA simplifiée au prix de 313,71 € par action, close le 31 mars 2021, Segro France détient d’ores et déjà 96,73% du capital et 95,68% des droits de vote de cette foncière spécialisée dans l’immobilier d’entreprise. La suspension de la cotation est maintenue dans l’attente de la mise en œuvre du retrait obligatoire.
A savoir
Vinci a signé un accord avec ACS pour l’acquisition de ses activités énergie, générant un chiffre d’affaires de plus de 6 milliards d’euros, principalement en Espagne et en Amérique latine. La valeur d’entreprise ressort à 4,2 milliards d’euros. Sur cette base, le prix d’acquisition est estimé à environ 4,9 milliards d’euros au closing, attendu en fin d’année 2021, après prise en compte d’environ 0,7 milliard d’euros de trésorerie nette, besoin en fonds de roulement et ajustements divers. La transaction est soumise aux approbations réglementaires habituelles, dont celles des autorités de la concurrence et pourrait être finalisée vers la fin de l’année 2021.
Solutions 30 donne les conclusions de l’investigation indépendante. Mandaté par le conseil de surveillance de Solutions 30 afin de faire la lumière sur l’ensemble des accusations portées à l’encontre de la société, le cabinet Deloitte, avec l’appui de Didier Kling Expertise & Conseil pour la partie comptabilité, a rendu les conclusions de leurs travaux. Ceux-ci confirment le caractère infondé et erroné des allégations. Les auditeurs indépendants ont également formulé des recommandations afin de simplifier et de renforcer certaines procédures internes de la Société pour une plus grande transparence et une sécurisation des transactions.
Bruits de marché
Lagardère : le mouvement spéculatif se poursuit. L’action du groupe, qui s’est engagé dans un recentrage stratégique sur le Publishing et le Travel Retail, a gagné 2,9% cette semaine, à 22,68 €, soit une hausse de 85% sur un an glissant. Les investisseurs continuent de parier sur un démantèlement du groupe qui compte à la fois Groupe Arnault et Vivendi dans son tour de table. Dans un entretien publié récemment par le journal Le Monde, Arnaud Nourry, PDG d’Hachette, n°3 mondial de l’édition, avait estimé qu’« un rapprochement avec Editis [détenu par Vivendi] n’a aucun sens stratégique » et que « toute idée de démantèlement est à éviter ». Son départ, annoncé lundi 29 mars, est vu comme une confirmation de la reconfiguration prochaine des activités de Lagardère.
Études et recherche
La valeur des fusions-acquisitions est en plein essor. Malgré l’incertitude provoquée par la crise sanitaire, l’activité de fusion-acquisition a connu un rebond dans la deuxième moitié de l’année 2020, selon la dernière étude Global M&A Industry Trends du cabinet de conseil et d’audit PwC réalisée sur les transactions dans le monde entier. L’activité de transactions à l’international a fait un bond par rapport aux six premiers mois de l’année 2020, avec une augmentation de 18% en volume et de 94% en valeur au total, deux chiffres également en hausse en glissement annuel. La progression en valeur des transactions sur la période s’explique en partie par une augmentation des mega deals (5 milliards de dollars et plus). Au total, 56 opérations de ce type ont été annoncées au deuxième semestre, contre 27 au premier semestre. Pour en savoir plus
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