Dans son dernier rapport annuel sur les fusions-acquisitions, le cabinet de conseil international Bain & Company analyse les trois leviers principaux de réussite d’une opération.
La rétention des talents : un facteur clé
Pour les spécialistes des fusions-acquisitions, la rétention des talents est le principal levier de succès, explique Bain & Company. À tout moment, une opération de fusion-acquisition peut susciter de l’inquiétude chez les collaborateurs. Ils peuvent alors envisager d’autres options et accepter un poste dans une autre entreprise. Un risque d’autant plus avéré que le marché du travail est aujourd’hui en pleine effervescence.
À titre d’exemple, dans le secteur de la Tech, plus de 75% des cadres dirigeants estiment que garder les talents est aujourd’hui plus difficile qu’il y a trois ans. Deux raisons à cela : l’incertitude de nombreux collaborateurs quant à leur rôle dans la future organisation et les alternatives attrayantes offertes par le marché du travail. Pour réussir à fidéliser les talents, les entreprises doivent être proactives, aussi bien à l’étape de due diligence qu’à celle de l’intégration. Pour mobiliser les collaborateurs, il s’agit donc de donner une vision solide et convaincante de l’avenir.
Autre levier de réussite : l’ESG
De plus en plus, les critères ESG sont des marqueurs de performance d’une entreprise, ajoute Bain & Company. Pour autant, seuls 11% des responsables de fusion-acquisition considèrent régulièrement les critères ESG dans une négociation. Mais 65% espèrent que, dans leur entreprise, l’accent sera mis sur l’ESG.
Dans le secteur des biens de consommation, par exemple, 68% des dirigeants considèrent l’ESG comme un moyen de gagner des parts de marché, d’améliorer leur image de marque et d’attirer des clients. Dans le secteur de l’énergie, les transactions liées vers la transition énergétique représentaient, en 2021, environ 20% de toutes les opérations supérieures à 1 milliard de dollars. D’après la nouvelle étude de Bain, pour rendre les actifs existants plus verts, les entreprises du secteur de l’énergie, en 2022, recourront encore plus aux fusions-acquisitions.
Plus qu’un élément parmi d’autres de la checklist à contrôler lors du processus de fusion-acquisition, l’ESG doit devenir central dans les transactions. Plusieurs modalités sont possibles : une acquisition peut être motivée par l’ESG et s’appuyer sur une thèse ESG ; ou, motivée par d’autres éléments, l’acquisition se fait en ayant à l’esprit les considérations ESG. À terme, pour être performant, plusieurs actions seront nécessaires : lier la stratégie ESG de l’entreprise à la stratégie de fusion-acquisition, intégrer la durabilité dans chaque thèse de transaction et faire de l’ESG un facteur clé de la valeur d’une transaction.
Le renforcement de la réglementation : un enjeu à intégrer
Aux États-Unis, en Europe occidentale et en Chine, l’application accrue des lois antitrust, combinée aux préoccupations croissantes en matière de sécurité nationale, oblige les dirigeants d’entreprise à s’interroger, dans de nombreux cas, sur les chances de réalisation de la transaction. Pour preuve, en 2021, plusieurs accords, pourtant très médiatisés, ont été abandonnés en raison de l’opposition du gouvernement. Or cette surveillance de la part des États devrait s’intensifier en 2022.
2021 a apporté de nouvelles donnes géopolitiques, avec, notamment, des mesures répressives de la Chine à l’égard des grandes entreprises. Cependant, malgré sa réglementation renforcée, ce pays reste un marché stratégique pour la croissance. Pour réussir sur le marché chinois, les acheteurs doivent réévaluer leurs attentes, prévoir des délais d’approbation plus longs, se préparer à de plus grandes exigences en matière de diffusion de l’information et résoudre les enjeux d’antitrust et de sécurité des données. De plus, les multinationales doivent gérer de manière séparée du reste, leurs activités en Chine et ajouter des opérations spécifiques à la Chine lorsqu’elles cherchent à y acquérir une entreprise.
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